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Rapport Sauvé : la suite

Temps fort de ce samedi 6 novembre au cours de l’assemblée plénière des évêques de France, un moment de recueillement et de pénitence était organisé à la mémoire des nombreuses victimes d’abus sexuels commis au sein de l’Église.

C’était un moment attendu, inscrit sur le calendrier de la plénière d’automne des évêques de France à Lourdes. Dans la matinée du samedi 6 novembre s’est tenu un « temps mémoriel » et un temps pénitentiel » à l’adresse des nombreuses victimes de crimes sexuels commis dans l’Église. Un moment en deux étapes. D’abord à l’extérieur de l’hémicycle où se réunissent les évêques. Une photo prise par une victime a été dévoilée. Représentant la sculpture d’enfant qui pleure, sur le pilier d’une église, elle est accompagnée d’un texte où l’on peut lire notamment ces lignes: «Dans les yeux de l’enfant se mêlent la souffrance, la violence subie, le déni de sa parole et une grande solitude».

«Que cet intense visage de l’enfance humilié me poursuive, nous hante, même, chacun de nous qui portons d’une manière ou d’une autre, une responsabilité, jusqu’à ce que nous ayons fait se rencontrer la justice et la vérité», a lancé dans des mots très forts Sœur Véronique Margron, la présidente de la Corref (Conférence des Religieux et Religieuses de France).

À genoux

Puis, en silence, les évêques, accompagnés d’une centaine de laïcs mais aussi des personnes victimes invitées à Lourdes, ont traversé le Gave pour se rendre devant le parvis de la basilique Notre-Dame du Rosaire. C’est là, que, agenouillé devant la Croix, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a prononcé une prière demandant pardon à Dieu. «Nous pensions être préservés par la sainteté de ton Fils et le sacrifice qu’il a remis entre nos mains. Nous découvrons que nous sommes capables, nous tes ministres, nous que tu as appelés et choisis, de profaner ton don le plus ultime, de transformer en un système humain de dégradation, de mépris, de mort, le don jaillissant de ton Esprit, a dit le président de la Conférence des évêques de France. Pardonne-nous de n’avoir pas compris combien le pouvoir que tu donnes exige de nous une clarté sans faille. Pardonne-nous d’avoir pris ta miséricorde pour une tolérance devant le mal».

Un moment solennel et émouvant au cours duquel le glas a sonné en mémoire des très nombreuses victimes. «Il faut que l’on arrête les belles paroles et que l’on passe aux actes» expliquait Mgr François Touvet plus tôt dans la semaine, interrogé par Radio Vatican-Vatican News. L’évêque de Châlons-en-Champagne, qui admettait avoir été «foudroyé» par les témoignages des victimes entendues par la CIASE, espérait que cette assemblée plénière permette de «renouveler des pratiques pour écarter définitivement les silences, les défaillances».

Choisir la vie

Véronique Garnier fait, elle, partie des cinq victimes venues s’exprimer devant les évêques. «Je leur ai dit que l’on est à un moment crucial, c’est-à-dire de la Croix, où tout le monde souffre», confiait t-elle à Vatican News le 5 novembre. «Je ne sais pas honnêtement ce que l’Église va choisir, mais moi j’ai choisi, en utilisant ma parole. La parole donne vie alors que le silence me donnait la mort». Comme victime, Véronique Garnier ne cache pas sa colère face à ces crimes et au fait que certains, évêques ou laïcs, après le rapport de la CIASE «n’aient pas choisi de pleurer avec les victimes, fait preuve de compassion ou même pour certains donné l’impression de contester des chiffres ».

«Quelques larmes ont coulé le temps des témoignages, poursuit Véronique Garnier, qui confie avoir attendu Marie pleurer, car c’est à Lourdes que j’ai été abusée enfant». L’Église, selon elle, doit de manière urgente se «décentrer d’elle-même et se centrer sur les personnes victimes.». Après le temps fort de ce samedi matin dans la cité mariale, Véronique Garnier a confié à une journaliste sur place connaître «un apaisement. Mais cet apaisement pour aujourd’hui, je ne peux pas l’assurer pour demain», a-t-elle précisé.

Source :  Olivier BONEL Vatican News

Texte-EMB-6-novembre

L’église de France reconnait sa responsabilité institutionnelle (Vatican News)

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