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Lourdes va devenir un « sanctuaire national »

Depuis plusieurs mois, une réflexion a été engagée sur l’avenir du sanctuaire de Lourdes, suite à la nomination d’un délégué apostolique et d’un nouveau recteur. Le samedi 7 novembre, la conférence des évêques de France a voté pour que ce lieu de pèlerinage devienne un sanctuaire national. Il  appartient maintenant au Pape d’ officialiser  ce changement de statut.

C’est une question sensible pour les habitants du diocèse qui pourraient craindre d’être « dépossédés », voire « exclus » de ce haut-lieu de la Chrétienté enraciné en Bigorre. Aussi, Mgr Antoine Hérouard, le délégué apostolique du Sanctuaire de Lourdes, a expliqué dans la Dépêche du Midi,  ce que ce changement signifie exactement. 

Pourquoi un changement de statut pour le Sanctuaire ? 

« Le Sanctuaire n’avait pas jusqu’à présent de statut canonique, c’est-à-dire du droit de l’Eglise. Cela a été parfois une des sources de difficulté dans un passé récent. Les rôles des uns et des autres n’étaient pas bien définis. Il y a donc toujours le risque de se marcher un peu sur les pieds ou de ne pas savoir qui est responsable de quoi entre l’évêque, le recteur, les chapelains ou encore le directeur laïque. Quand j’ai été nommé délégué apostolique pour le Sanctuaire, le 31 mai 2019, dans la lettre que j’ai reçu du Pape, il m’avait été demandé de réfléchir à un statut canonique. Dans un premier temps, j’ai écouté les uns et les autres, j’ai essayé de comprendre la situation car il y a trois statuts possibles. Le choix a justement été fait ce samedi en assemblée. »

Quels sont justement les différents statuts possibles ?

« Le premier, le diocésain, est celui que le Sanctuaire a aujourd’hui même si le statut n’est pas vraiment défini. La difficulté que l’on voit aujourd’hui est que le diocèse de Tarbes et Lourdes n’a pas forcément la faculté pour fournir des chapelains et un recteur pour faire fonctionner le Sanctuaire comme cela a pu être le cas dans le passé. Puis, de toute façon, la vie du Sanctuaire dépasse la vie diocésaine. Mais il est aussi très important de montrer que le Sanctuaire appartient à cette terre, à ce territoire, et que les apparitions de la Vierge Marie n’ont pas eu lieu n’importe où ni à n’importe qui. Cet ancrage local est important à réaffirmer. La deuxième possibilité, qui a été choisie et votée, est celle d’un sanctuaire national. Ce type de sanctuaire signifie que ses statuts sont votés par la conférence épiscopale du pays concerné. Cela veut dire que l’ensemble de l’Eglise de France a aussi une responsabilité vis-à-vis de Lourdes et qu’elle va s’engager un peu plus dans la vie interne et la gouvernance du Sanctuaire. La troisième possibilité est le sanctuaire international. Intellectuellement, on pourrait se dire que c’est la bonne solution car Lourdes a un rayonnement international et que les pèlerins viennent du monde entier. Pastoralement, cette dimension il faut la maintenir. Mais les sanctuaires internationaux dans le monde sont curieusement plus petits. Ce ne sont pas les grands sanctuaires dans le monde. Par exemple, Fatima est un sanctuaire national. L’autre aspect est que les sanctuaires internationaux sont gérés directement par Rome. Du coup, on aurait coupé le lien entre le Sanctuaire et le diocèse. Il y aurait eu deux évêques, un pour le diocèse et un pour le Sanctuaire. Ce qu’on a essayé de faire avec le sanctuaire national, c’est de trouver un statut qui relie les trois dimensions. »

Quels sont les changements à prévoir?

« Concrètement, cela ne va rien changer pour le pèlerin. En interne, par contre, on va mettre sur pied un conseil épiscopal d’orientation qui sera chargé de donner les grandes lignes de l’activité du Sanctuaire. Ce conseil sera présidé par l’évêque de Tarbes et Lourdes. Ensuite, on a créé depuis janvier un conseil des affaires économiques du Sanctuaire qui regroupe également d’autres acteurs, comme l’hospitalité ou des directeurs de pèlerinage. On a essayé de déterminer quels étaient les rôles respectifs de l’évêque de Tarbes et Lourdes, du recteur, des chapelains, du directeur laïque et de l’ensemble des acteurs du Sanctuaire. Pour le pèlerin qui viendra à Lourdes, il ne verra pas de différence. L’équilibre de la direction sera par contre mieux assuré. J’ai entendu qu’un certain nombre d’acteurs locaux ont peur que le Sanctuaire échappe à Lourdes, que cela ne soit plus le sanctuaire du diocèse. On peut les rassurer à ce niveau-là. On prend juste en considération que le Sanctuaire ne concerne pas que les Lourdais mais l’ensemble de l’Eglise de France. La gouvernance sera portée davantage au national tout en respectant la partie propre locale. Par exemple, pour un changement de recteur, ils seront nommés par le conseil permanent de la conférence épiscopale sur proposition de l’évêque de Tarbes et Lourdes. C’est donc l’Eglise de France qui portera cette responsabilité. Il est même ajouté dans les statuts que, s’il est possible, de donner une certaine priorité à un prêtre du diocèse de Lourdes. »

Propos recueillis par Camil Loos pour la Dépêche du Midi (10/11/20)

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